La CEDEAO, confrontée à l’inaction face au coup d’État au Niger, opte désormais pour des sanctions, cherchant ainsi à maintenir la pression sur la junte jusqu’à ce qu’elle garantisse la fin de la transition et le retour à l’ordre constitutionnel. Cependant, les dirigeants du Niger semblent indifférents aux sanctions, se concentrant plutôt sur la première commercialisation de leur pétrole brut sur le marché international, prévue dès janvier prochain, selon le général Abdourahamane Tiani.
Le général a annoncé que le transport du pétrole brut vers l’océan Atlantique est en cours, et dès janvier prochain, les premières expéditions de barils nigériens sont attendues, même si le budget national a été réduit de 40 % depuis le coup d’État du 26 juillet. Malgré les sanctions économiques régionales, les espoirs économiques du Niger reposent sur les premières exportations pétrolières imminentes du gisement d’Agadem. Avec une production quotidienne de 90 000 barils, dont 25,4% des revenus (22 860 barils par jour) seront attribués au Niger, le pétrole transite par l’oléoduc reliant Agadem (sud-est) au Bénin voisin, un projet supervisé par le Premier ministre civil, Ali Mahaman Lamine Zeine, en place depuis début novembre. Malgré les sanctions et la fermeture des frontières entre le Niger et le Bénin, le transport de pétrole semble exempt de restrictions.
Avec ce pipeline s’étendant sur près de 2000 km, le Niger, malgré son enclavement et sa pauvreté persistante, pourra désormais exporter son pétrole brut sur le marché mondial via le port de Sèmé au Bénin. Ce projet d’une valeur totale de 6 milliards de dollars comprend 4 milliards dédiés à l’amélioration des champs pétroliers (gisement d’Agadem) et 2,3 milliards pour la construction du pipeline, selon les informations du gouvernement nigérien. Ces investissements ont propulsé la production pétrolière du Niger à 110 000 barils par jour, dont 90 000 barils destinés à l’exportation, avec la collaboration de la China National Petroleum Corporation (CNPC). Envisageant l’avenir, le général Tiani a révélé des plans pour une deuxième raffinerie avec des partenaires étrangers non divulgués, mais la Russie pourrait être impliquée, selon des probabilités élevées. Les réserves du Niger, évaluées officiellement à environ deux milliards de barils, sont susceptibles d’atteindre une production de 200 000 barils par jour d’ici 2026, selon les projections.
Niamey prévoit que la vente de son pétrole, générant plus d’un quart de ses revenus, pourrait constituer la moitié de ses recettes fiscales et un quart de son PIB, dépassant ainsi les 13,6 milliards de dollars, selon les données de la Banque mondiale. Ces chiffres devraient augmenter chaque année avec la construction d’une deuxième raffinerie, comme l’a indiqué le leader. Alors que la population nigérienne n’a pas vraiment bénéficié des exportations d’uranium du pays au cours des décennies passées, elle peut désormais espérer tirer davantage de profits de l’exploitation du pétrole. Le Bénin, quant à lui, attend avec impatience les retombées des droits de transit liés au pétrole nigérien.
Malgré les promesses du général Tiani, la réalité décrite par les citoyens nigériens est bien différent. Le ravitaillement régulier annoncé par le leader militaire est remis en question par la population qui fait état de pénuries de produits de première nécessité. Le blocus économique de la CEDEAO et de la BCEAO, combiné à la fermeture des frontières depuis le coup d’État, a entravé les importations, entraînant une forte inflation des prix des produits de base. Une citoyenne témoigne que le litre d’huile est passé de 800 francs CFA à 1 400.